Mission archéologique réussie pour l’UNESCO et huit États membres en Méditerranée
La mission archéologique sous l’égide de l’UNESCO a achevé au début du mois de septembre son exploration de 14 jours dans le banc des Esquerquis (Tunisie) et le canal de Sicile (Italie), en Méditerranée. Des scientifiques internationaux originaires de huit États membres ont, pour la première fois, modélisé des épaves et amélioré la cartographie de la zone, afin de protéger à long terme cet important patrimoine subaquatique.
« Cette mission est le résultat d’une coopération internationale sans précédent. Je tiens à remercier les huit États méditerranéens membres de l’UNESCO qui ont travaillé ensemble pour organiser et mener ces recherches scientifiques, sous la coordination de notre Organisation, sur la base de notre Convention de 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique », déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
Des chercheurs d’Algérie, de Croatie, d’Égypte, d’Espagne, de France, d’Italie, du Maroc et de Tunisie ont collaboré pour cette mission. Elle s’est déroulée pendant 14 jours, à bord du navire scientifique français l’Alfred Merlin, dans les eaux internationales, sur le plateau continental italien, sous la coordination de l’Italie, puis sur le plateau continental tunisien, sous la coordination de la Tunisie.
« Cette mission se conclut par des avancées considérables, notamment la documentation en haute résolution d’épaves de navires datant de la période romaine jusqu’au XIXe siècle. Cela nous confirme que le banc des Esquerquis est du plus grand intérêt pour le patrimoine culturel subaquatique mondial », ajoute la Directrice générale.
Première cartographie haute résolution
Les archéologues ont mené une étude à l’aide de deux robots – ou véhicules télécommandés – s’adaptant aux zones géographiques et morphologiques immergées. Le robot Arthur, conçu spécialement pour les fouilles archéologiques en eaux profondes, a été utilisé pour documenter les épaves sur le plateau continental italien.
Arthur a documenté trois épaves romaines découvertes par les expéditions américaines Ballard-McCann dans les années 1990. Les archéologues ont constaté avec satisfaction que l’état de conservation de ces épaves et de ces biens culturels est pratiquement le même qu’il y a près de 30 ans ; ils n’ont pas été altérés par la sédimentation, la bioérosion ou les activités humaines (filets de pêche, etc.).
Les nouvelles données collectées se traduisent par des photos et des vidéos de haute résolution, qui permettent de caractériser et de dater la cargaison des navires. La documentation de ces sites a révélé de nouveaux éléments substantiels.

Réunion préparatoire avant la plongée d’un robot télécommandé sur un des sites relevé par la mission internationale de L’UNESCO. © Manuel Ano–ProdAqua.
Trois nouvelles épaves documentées
Sur le plateau continental tunisien, les archéologues ont utilisé le robot Hilarion pour vérifier et documenter les objectifs de la zone nouvellement cartographiée. Le fond marin a également été exploré à l’aide d’un sonar multifaisceaux afin de fournir de plus amples informations sur cette zone inconnue et dangereuse pour la navigation, ainsi que sur l’emplacement potentiel d’autres vestiges archéologiques.
La zone autour du récif Keith a été sondée pour la toute première fois afin de produire une carte détaillée mettant en évidence des traces de patrimoine culturel subaquatique. L’équipe scientifique et technique a ainsi documenté trois nouvelles épaves datant de l’Antiquité à la période contemporaine (XIXe siècle), ainsi que plusieurs autres zones d’intérêt archéologique.

Épave Aléria 1. (-340m) Ier s apr. J.-C. Expertise Franca Cibecchini, Michel L’Hour, DRASSM. © DRASSM _ Frédéric Osada.
Quelles suites à la mission ?
Cet automne, les archéologues se réuniront à l’UNESCO pour dévoiler leurs premières découvertes au grand public. Un rapport complet et détaillé sera présenté ultérieurement. Il s’agit de la première étape d’une relation durable de coopération multilatérale en Méditerranée.
Les archéologues prévoient à l’avenir de réaliser la photogrammétrie des épaves visitées pour la seconde fois sur le plateau continental italien, en utilisant les vidéos enregistrées par les robots. Ils recommandent aussi de poursuivre la cartographie de la zone du banc des Esquerquis, sur le plateau continental tunisien. Ils souhaitent par ailleurs organiser plusieurs autres actions, telles qu’une conférence scientifique et des missions de suivi, et engager une réflexion sur la protection de ces sites.
Cette mission multilatérale est à la fois une opportunité et un exemple de bonne pratique à partager avec d’autres pays pour l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel subaquatique dans les eaux internationales.
- L’Alfred Merlin, bateau français de recherche subaquatique. © M.Pradinaud2022
- Epave Aléria 1. (-340m) Ier s apr. J.C Expertise Franca Cibecchini, Michel L’Hour, DRASSM. © DRASSM _ Frédéric Osada.
- briefing-preparing-ROV-diving. © Manuel Ano–ProdAqua.
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