La ville de Glanum dans son territoire
Extrait du dossier Glanum, Archéothéma 24
L’agglomération de Glanum, adossée au massif des Alpilles, domine le vaste glacis du piémont de ce relief et les plaines alluviales qui s’étendent vers le nord jusqu’à la Durance. C’est l’un des multiples oppida qui s’égrènent le long des escarpements des chaînons septentrionaux des Alpilles, entre Saint-Gabriel à l’ouest et Orgon à l’est. Situé près d’un axe routier important et installé sur une formation géologique de calcaire coquillier tendre qui lui a fourni de la pierre de taille à profusion, Glanum fut, à l’époque romaine, au centre d’un territoire riche et bien organisé.
Glanum se situe en marge d’un important axe de communication transalpine reliant, par la vallée de la Durance, l’Italie du Nord au delta du Rhône, à la plaine languedocienne et à la péninsule Ibérique. Cet axe de communication déjà ancien lors de l’arrivée des Romains est aménagé par le proconsul Domitius Ahenobarbus entre 122 et 118 ou 117 avant notre ère, facilitant la mainmise romaine sur la Gaule du Sud. De ce premier aménagement romain, il ne reste pas d’autres vestiges que le nom de “voie domitienne” que la tradition moderne lui a donné, et une borne milliaire sur laquelle est inscrit le nom du proconsul, trouvée au sud de Narbonne. Il existe également un réseau régional de chemins de communication mettant Glanum en relation avec les agglomérations antiques alentour, souvent issues d’anciens oppida. D’autre part, la rivière de la Duransole, dans la plaine au nord de Glanum, reliait son territoire à la ville d’Arles et au Rhône, permettant le transport de marchandises par voie d’eau.
La richesse économique la plus évidente de Glanum est la pierre de taille issue de la formation géologique de calcaire coquillier tendre qui se développe au pied des Alpilles dans le secteur. Glanum même est presque entièrement construit avec des matériaux prélevés dans ce substrat. Les traces d’extraction antique, mais aussi médiévale et moderne s’étendent sur une longueur de 1,5 km à l’est des Antiques. La plus ancienne carrière connue, proche de l’agglomération, était déjà exploitée antérieurement au IIIe siècle avant notre ère, suivie par la carrière de Saint-Paul, également située en limite de l’agglomération, et qui semble avoir servi durant le IIe siècle avant notre ère lors de la construction des premiers grands monuments hellénistiques, puis avoir été abandonnée. Ensuite, les extractions s’éloignent de la ville : la carrière de la Pyramide, ainsi nommée à cause d’un pilier-témoin de 23 m de haut, puis les carrières du Tor Blanc, une colline artificielle haute de 20 m et située à 800 m de la ville antique, qui est constituée de déblais d’exploitation et de rebuts de taille. La date du début de l’extraction y est postérieure aux tombes du Ier siècle avant notre ère recouvertes par ces déchets. Elle fonctionne encore au IIe siècle de notre ère. À la fin de l’Antiquité, l’extraction se rapproche à nouveau de la ville et au moins une petite carrière est alors en fonction à l’intérieur de l’ancien périmètre urbain.
Le territoire autour de Glanum se divise en deux parties bien distinctes. Au sud, le relief des Alpilles a livré peu d’indices d’occupation. Des bâtiments qui peuvent correspondre à des fermes ont été repérés dans les vallons, et quelques structures encore plus rudimentaires se trouvent ici et là dans les collines. Dans tous les cas, l’occupation semble y avoir été peu dense. Il n’est pas possible d’en déduire une exploitation peu intense, car notamment des activités comme le pastoralisme laissent peu de traces caractéristiques pour une période donnée. Sur le large piémont et les plaines alluviales au nord de Glanum, par contre, il existait durant l’Antiquité de nombreuses habitations dispersées, souvent des exploitations agricoles. Sur le territoire de la commune de Saint-Rémy-de-Provence, qui forme un arc de cercle d’environ 5 km autour de Glanum, une douzaine de sites au moins peuvent correspondre à des villae caractérisées par la présence de thermes et dont la partie résidentielle est décorée de fresques murales et de placages de marbre. La majorité de ces sites est encore occupée à la fin de l’Antiquité, et tous semblent déjà exister dès le Ier siècle de notre ère. Ils s’insèrent dans un paysage dont les limites parcellaires sont encore aujourd’hui fortement marquées par la centuriation antique. Le découpage orthonormé du territoire par un réseau régulier d’axes nord-sud (kardo) et est-ouest (decumanus) témoigne de la mainmise romaine après la conquête, facilitant l’installation de colons et la collecte fiscale.
[…] chacun à sa manière, fait progresser la connaissance de ce site majeur (voir extrait du dossier: la ville dans son territoire). Anne Roth Congès, Chargée de recherche retraitée du CNRS #gallery-1 { margin: auto; } […]