La domus de la rue Edmond-Valentin
La fouille d’archéologie préventive menée à Narbonne, de novembre 2011 à janvier 2012, en amont de la construction d’un immeuble d’habitation au 6 de la rue Edmond‑Valentin, a permis la découverte d’une domus antique. Cette demeure était installée dans un quartier résidentiel de la ville de Narbo, à peu de distance du site du Clos de la Lombarde, qui en a livré d’autres exemples, et du forum (environ 300 m). Outre des structures effondrées suite à un incendie, cette domus a livré des sols (opus sectile et mosaïque) qui ont été en partie prélevés.
En raison de l’emprise réduite des parcelles concernées par les travaux, seule une partie de la domus a pu être explorée, et ce sont neuf pièces qui ont été étudiées plus ou moins exhaustivement. Une grande partie de la surface fouillée concerne les trois côtés d’un même portique encadrant une cour intérieure ou un jardin (l’état de conservation de cet espace ne permettant pas d’identifier sa fonction avec certitude). Une salle de réception (l’oecus ?) ouvrait du côté nord de ce portique, on y pénétrait par une large baie encadrée de deux colonnes, dont une a été retrouvée effondrée sur place. D’autres pièces se développaient de part et d’autre de cette salle. Parmi elles, une pièce de faibles dimensions dont le plancher de bois, brûlé, était partiellement conservé.
Le portique et la pièce de réception étaient dotés d’un décor mosaïqué assez sobre : un semis de tesselles noires, alternées de cabochons blancs, et encadré de bandes blanches courant le long des élévations. Des seuils aux motifs géométriques s’intercalaient entre les colonnes encadrant l’entrée de la pièce nord. Des sols en opus sectile paraient également trois autres pièces, dont une, aux dimensions importantes bien qu’incomplètes, pourrait constituer le triclinium (3) de la domus. Ces sols étaient ornés de motifs géométriques composés à l’aide de plaques de schiste et marbre blanc et noir.
La maison a été détruite lors d’un important incendie qui a fortement endommagé les décorations peintes, retrouvées effondrées au sol, mais aussi les sols décorés, provoquant le déchaussement et le noircissement de certaines tesselles et des variations de couleur sur certains marbres. L’absence de réparation de la mosaïque incite à penser que la domus fut abandonnée suite à cet incendie.
Après cet événement, les murs de la domus ont été presque systématiquement récupérés, laissant à leurs emplacements de profondes tranchées qui révèlent le plan de la maison en négatif. Cette recherche de matériaux a fortement bouleversé les effondrements des décorations picturales des parois, n’en laissant que des lambeaux.
Les éléments de datation ne sont pas encore disponibles pour avancer des dates de manière plus assurée. Cependant, la construction de la domus semble être intervenue dans le courant du Ier siècle apr. J.-C., probablement pas avant. L’incendie peut avoir eu lieu durant le IIe siècle.
Des installations plus tardives (fosses, bassin, puits?) étaient visibles sur le site. Difficiles à caractériser et à dater en raison de leur état lacunaire, elles pourraient résulter d’activités artisanales ayant eu cours sur le site.
Les mosaïques ont donné lieu à une opération de prélèvements partiels, réalisée par Carole Acquaviva, conservateur-restaurateur de mosaïques, en accord avec le propriétaire et selon un protocole défini avec le service régional de l’Archéologie (DRAC de Languedoc-Roussillon). Une première présentation en a été faite lors des Journées de L’AIEMA (Association internationale pour l’étude de la mosaïque antique) à Venise le 11 septembre 2012.
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