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février 2019

Cathédrale de Bayeux

Découverte exceptionnelle d’un sarcophage avec graffitis et de vestiges maçonnés de la cathédrale romane

La Drac Normandie vient de publier le texte suivant concernant cette découverte  singulière.

Des travaux de mise en accessibilité de la cathédrale de Bayeux ont débuté en octobre 2018 pour faciliter la circulation de tous les publics dans la cathédrale. Ces travaux ont été pilotés par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), maître d’ouvrage de l’opération, avec l’intervention de la Conservation régionale des monuments historiques et en lien avec l’Architecte des Bâtiments de France, conservateur de l’édifice. La maîtrise d’œuvre de ce chantier a été conduite par l’Architecte en chef des monuments historiques (ACMH).

Du fait de l’existence de relevés et de coupes documentant les travaux réalisés au XIXe siècle lors de la reprise des piles de la croisée de la cathédrale, l’ampleur des fondations en béton, coulées à cette période, était à peu près connue. Pour autant, l’emplacement de la zone d’intervention menée dans le cadre de l’installation de la plateforme élévatrice pour l’accès PMR (Personnes à Mobilité Réduite) a permis d’investiguer plus profondément le secteur impacté par ces travaux.

C’est dans ce contexte que les archéologues du Service régional d’archéologie de la DRAC ont conduit quelques investigations archéologiques et ont souhaité collaborer avec le service de Paléo-anthropologie du Craham (UMR 6273 CNRS UNICAEN) et “La Fabrique de patrimoines en Normandie” pour permettre une étude détaillée des structures et des vestiges médiévaux jusqu’alors inconnus dans la cathédrale.

Parmi les découvertes, un sarcophage de l’époque médiévale se trouvait en fond de sondage, et une maçonnerie primitive, peut-être antérieure à la période romane, a également pu être identifiée.

Afin d’explorer le sarcophage encore scellé de son couvercle, une première investigation a tout d’abord été menée à l’aide d’une caméra endoscopique pour vérifier l’état de conservation des vestiges osseux, la présence ou non de restes organiques et pouvoir préparer en amont des prélèvements spécifiques qu’il était nécessaire d’envisager avant l’ouverture complète de la cuve.

Ce sarcophage, pour le moment daté des VIIe-VIIIe siècles mais avec l’hypothèse d’une réutilisation plus tardive au cours du Moyen Âge, a ensuite été ouvert par les archéologues. Perturbé probablement au XIXe siècle (un morceau de papier brûlé et des fragments brisés de la paroi méridionale tombés dans le volume interne de la cuve ayant été retrouvés), il contenait seulement les ossements très mal conservés de deux individus minimum (le plus complet correspondant au squelette d’une femme d’âge mature, le second à celui d’un sujet adulte d’âge et de sexe non déterminés), quelques restes organiques (tissus) et tessons céramiques…

Ossements © DRAC Normandie.

Ossements © DRAC Normandie.

Le caractère exceptionnel du sarcophage réside surtout dans la présence de très nombreux graffitis. En effet, sur les parois internes et externes de la cuve calcaire, de multiples dessins à motifs d’entrelacs, d’étoiles, des représentations symboliques diverses, anthropomorphes, zoomorphes, des armes, des outils, des mots ou des noms, un abécédaire… ont été gravés dans la pierre…

Graffitis © DRAC Normandie.

Graffitis © DRAC Normandie.

Cette découverte, rare, a bénéficié tout d’abord d’une couverture photographique préventive par photogrammétrie et Reflectance Transformation Imaging (RTI) avant enlèvement de la cuve. Le traitement ainsi effectué, obtenu à partir d’une série de photographies réalisées sous des éclairages artificiels différents, permet d’obtenir des images dynamiques et favorise l’étude des reliefs et des inscriptions. Une deuxième couverture photographique plus fine, après enlèvement et nettoyage du sarcophage, est d’ores et déjà prévue pour permettre la réalisation, à terme, d’une étude épigraphique complète et une valorisation patrimoniale du sarcophage.

De plus, dans ce petit sondage, les terrassements ont également conduit au dégagement des premières assises d’une pile de la cathédrale romane dont les vestiges sont surmontés par les maçonneries de l’église gothique. Une succession de plusieurs remblais associés à des surélévations anciennes du niveau de circulation dans le bas-côté nord de la nef a aussi pu être observée.

Si un certain nombre de questions demeurent encore en suspens concernant le détail de la chronologie de cet ensemble (des analyses C14 sont prévues dans le courant de l’année 2019 pour affiner, peut-être, les hypothèses de datation), les premières observations réalisées sur ce sarcophage et son contenu offrent déjà des pistes de recherche intéressantes qu’il restera à préciser par des analyses complémentaires.

voir http://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Normandie/Actualites/Cathedrale-de-Bayeux-decouverte-exceptionnelle-d-un-sarcophage-avec-graffitis-et-de-vestiges-maconnes-de-la-cathedrale-romane