mai 2021
À paraître juin 2021
Une résidence de la noblesse gauloise. Le Camp de Saint-Symphorien
Sous la direction d’Yves Menez, éditions de la Maison des sciences de l’Homme, coll. « Documents d’archéologie française », 416 pages, isbn : 972-2-7351-2558-6, prix : 76 euros.
Avant 1988 et les travaux routiers qui ont provoqué l’intervention archéologique exposée dans le présent ouvrage, le site de Paule n’était qu’une enceinte en terre parmi d’autres en Bretagne. Dès les premières fouilles, il a cependant montré sa singularité : sculptures, clôtures monumentales et tessons d’amphores en nombre ont rapidement permis d’y reconnaître une résidence aristocratique.
À l’issue de vingt ans de recherche, nous sont donnés à voir, sur près de 10 hectares, six siècles d’une occupation continue. Depuis la fondation de la ferme d’origine, vers 550 av. J.-C., jusqu’à l’abandon du site, vers 15 av. J.-C., peu après la Conquête, le lecteur est appelé à suivre, sous une forme vivante et simple, attachée aux faits humains, les adaptations aux variations de son environnement d’une famille d’aristocratie foncière. Les nécessités de l’agriculture, de la défense, du stockage, un embryon d’artisanat modèlent tour à tour les bâtiments et la distribution de l’espace. Le noyau central familial se détache peu à peu de ses dépendants, relégués dans un enclos périphérique, puis attire une population venue des environs et l’englobe dans une vaste fortification.

Proposition de restitution en perspective d’une enceinte extérieure. DR.
Les méthodes employées pour l’analyse sont celles de l’archéologie classique, dont la qualité repose ici sur leur cohérence. Yves Menez, dont la recherche sur Paule a été sanctionnée par un doctorat en Sorbonne, ne se contente pas de livrer à la réflexion une documentation complète et objective. Il s’appuie sur sa double formation d’archéologue et d’ingénieur pour s’engager – intégrant les phénomènes observés dans les transformations d’un territoire plus large – dans une approche historique et anthropologique. À chacune des étapes, il pose la question du « pourquoi », qui renvoie à la structure de la société, à l’importance de la famille, du lignage et à la mise en place des institutions.
La lecture des vestiges est soutenue par une abondante illustration en couleurs, incluant des restitutions fondées sur un modèle numérique de terrain. Enfin, des légendes en anglais et un résumé détaillé en tête de chaque chapitre garantissent au public international un accès aisé à la démonstration.

Bustes en métahornblendite découverts dans la résidence. DR.

Traces de fabrication relevées sur les bustes. DR.
Paule est à l’origine du concept de résidence élitaire gauloise qui n’existait pas avant cette découverte, du simple fait qu’aucun site de ce type n’avait été jusque-là identifié et fouillé. Depuis, d’autres sites similaires apparaissent peu à peu, mais Paule reste le plus important connu, par ses lignes de défense successives. Il demeure également à ce jour le plus complètement étudié et, grâce à cet ouvrage, est le tout premier publié sous une forme monographique.
Le lectorat de cet ouvrage peut s’étendre, au-delà des archéologues spécialistes de la Protohistoire, à certains archéologues médiéviste, puisqu’il pose la question de l’apparition de la notion de « château » bien avant le Moyen Âge, ainsi qu’à un public d’archéologues étrangers susceptibles d’identifier de tels sites en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Tchéquie.
-
-
i
g 1 : Proposition de restitution
en perspective d’une enceinte
extérieure. DR.
-
-
Bustes en métahornblen
–
dite découverts dans la résidence. DR.
-
-
Traces de fabrication rele
–
vées sur les bustes. DR.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.