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novembre 2017

Vercingétorix chef de guerre

vercingetorix

 

Le nom de Vercingétorix est indissolublement lié à celui d’Alésia, c’est-à-dire à une défaite militaire cinglante qui a marqué le début de la mainmise romaine sur les Gaules. Or, le jeune chef gaulois reste une figure emblématique de l’histoire de France malgré la carence des sources textuelles (heureusement comblée partiellement par des sources archéologiques matérielles plus nombreuses). Que savons-nous précisément de ce jeune homme, chef de guerre et membre de l’élite gauloise ? Alain Deyber, historien, spécialiste de l’histoire militaire et ancien officier d’active de l’armée de terre, tente de cerner au plus près la figure du jeune stratège arverne en publiant ce livre qui se veut une réponse à des questions précises touchant à la dimension militaire du personnage : pourquoi, comment et avec qui/quoi Vercingétorix a-t-il été élu par ses pairs au commandement suprême des armées gauloises coalisées pour mettre un terme à la conquête de Jules César ? Comment se forma-t-il à l’art de la guerre ? Comment constitua-t-il et entraîna-t-il son armée ? Quelle fut sa conception de la guerre  et sa manière de la conduire ? Pourquoi, finalement, après avoir réussi à contenir et même vaincre César à Avaricum/Bourges et Gergovia/Gergovie, fut-il  finalement vaincu à Alésia/Alise-Sainte-Reine ? Et en définitive, peut-on faire une absolue confiance à Jules César qui rapporte ses conquêtes gauloises dans le De bello gallico ?

Dressant le portrait d’une “société” gauloise bien mieux organisée qu’on ne le croit encore aujourd’hui, composée de peuples (et non pas de tribus) bigarrés constitués en “cités” dirigées par une élite (roi, magistrats, assemblées) et rassemblant toute une population de petits paysans, commerçants, artisans et domestiques, Alain Deyber évoque au préalable le contexte historique, géographique, économique et social d’une “nation” gauloise bien éloignée des idées reçues forgées au cours du XIXe siècle. Au moment de la conquête romaine, la Gaule est un pays sillonné de voies de circulation terrestres et fluviales reliant les villes (oppida) des cités aux agglomérations secondaires (vici) et autres fermes (aedificia), constituant ainsi un réseau d’habitats parfaitement structurés et hiérarchisés, jouissant d’une économie florissante voire excédentaire. Selon l’auteur, tout cela a permis à Vercingétorix de parvenir à ses fins (le soulèvement des peuples gaulois) dans un temps assez bref. La guerre contre les Romains menaçait une situation économique et sociale florissante, et Vercingétorix en fit le prétexte pour instaurer une sorte d’état d’exception lui permettant de dépasser les limites traditionnellement assignées au pouvoir des chefs de cités. Usant de diplomatie, de séduction voire de la force quand ce fut nécessaire, il parvint à mettre sur pied une vaste coalition militaire comme jamais la Gaule n’en avait connue. L’histoire nous apprend comment et pourquoi, finalement, il échoua devant la puissance de Rome.

C’est donc l’histoire d’un homme hors du commun, fin tacticien et stratège clairvoyant que nous invite à découvrir Alain Deyber dans cet ouvrage relativement court (222 pages, mais le cœur du livre n’en fait que 106), facile à lire et très habilement complété par une table chronologique très fouillée et un glossaire extrêmement précis (pp. 123 à 185) que vient clore une bibliographie bien choisie. Un petit cahier d’illustrations en couleur vient heureusement compléter les données historiques présentées dans cet ouvrage. Un livre à placer entre les mains de tous ceux qui s’intéressent à cette période cruciale de l’histoire des Gaules.

 

Bruno Bioul

 

Alain Deyber, Vercingétorix chef de guerre, édition Lemme edit, Clermon-Ferrand, 2017, 222 pages, 22 €